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Le plat pays de Jacques

André Versaille

Pour 

Jacques De Decker




Je garde un très beau souvenir de Jacques De Decker.

Nous étions des amis de très longue date: j’avais une vingtaine d’années lorsque nous nous sommes connus, et j’avais en projet la création d’une maison d’édition qui verra le jour en février 1971 sous le nom des éditions Complexe.

C’est peu dire que Jacques m’avait encouragé: il m’avait immédiatement proposé de créer au sein de cette maison une collection de traductions d’œuvres littéraires flamandes: “Le Plat pays”.

À cette époque, comme la plupart des francophones, je connaissais bien mal cette littérature, et c’est Jacques qui, pour mon grand plaisir, m’y initia.

C’est également lui qui eut l’idée de faire préfacer l’édition de ces œuvres par des écrivains français connus.

C’est ainsi que nous avons édité Menuet, de Louis-Paul Boon, préfacé par Claire Etcherelli; L’Étonnement d’Hugo Claus, préfacé par Claude Roy; Vendredi, jour de liberté, pièce de théâtre du même Hugo Claus, avec une préface de René Kalisky; Un soir, un train, de Johan Daisne, préfacé par Marcel Brion; Le Ciel et la chair, d’Hugo Raes, préfacé par Thomas Owen.

L’une des grâces du métier d’éditeur, c’est que l’amour de la littérature, ou l’intérêt pour des questions historiques, par exemple, peut entraîner de solides amitiés, parce que sous-tendues par des passions littéraires et/ou intellectuelles communes.

L’amitié qui m’a lié à Jacques est, de ce point de vue, emblématique.

C’est dire combien Jacques me manque aujourd’hui.





André Versaillle.


© Bovica

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