Je n’ai jamais rencontré Jacques
Guy Stuckens
Pour
Jacques De Decker
Comment je me suis intéressé à Jacques De Decker, à ses livres? Via le Soir, pardi!
Le Soir, c’est presque une histoire familiale. Ma grand-mère, flamande, était abonnée. “J’ai appris le français en lisant le Soir”, disait-elle. J’ai encore un beau livre sur Paris, qu’elle avait gagné à la tombola annuelle du quotidien.
Enfant, mon père m’envoyait parfois — pas tous les jours, mais quand même régulièrement — acheter un journal à l’aubette du coin de la rue. “Au coin” n’est pas le terme exact; cette aubette, où un couple passait sa journée sur un minuscule mètre carré, était située sur un petit terre-plein à l’intersection de trois rues: rue des Quatre-Vents, rue Isidore Teirlinck et rue de l’Indépendance, où nous habitions. À l’époque, le Soir coûtait 3 francs. Puis il est monté à 3 francs 50. C’était il y a longtemps.
Adulte et particulièrement intéressé par la culture, j’ai pris l’habitude d’acheter le Soir le mercredi, pour ce supplément dont le titre faisait l’éloge de la folie: MAD (“magazine des arts et des divertissement”). Ah, les articles de Jacques De Decker illustrés par Royer! Et leurs collègues qui s’ingéniaient à élever les consciences au-dessus du quotidien…
Sans ça, je n’aurais sans doute pas été attiré par La grande roue (la couverture barrée d’un bandeau rouge “À Bruxelles, ville magique…”) et Parades amoureuses, deux romans parus chez Grasset. Ou par Suzanne à la pomme, une maxi-nouvelle publiée par CFC-Éditions, qui partage des histoires de tableaux avec un long texte jumelé, de Paul Emond. L’intérêt pour la ville est sans doute un point que nous avons en commun.
Je n’ai jamais rencontré Jacques De Decker, je ne l’ai même pas croisé, mais avouez que ça fait pas mal de points de rencontres.